L’accouchement physiologique

C’est avec un mélange d’impatience et d’appréhension que l’on voit se rapprocher la date fatidique du terme. Mais pour que tout se déroule dans les meilleures conditions vous avez sans doute élaboré un projet de naissance, votre accouchement idéal. Et celui-ci passe peut-être par un accouchement physiologique. Mais qu’entend-on par-là ?

C’est quoi, l’accouchement physiologique ?

La définition du Larousse  à ce sujet est : se dit des fonctions et des réactions normales de l’organisme.

Aussi, comprend-on qu’il n’est nul besoin d’artifice pour respecter la physiologie.  L’accouchement est, un acte naturel, pas besoin de le dénaturer. Il en est de même d’ailleurs pour l’allaitement mais cela fera l’objet d’un prochain article.

Petite histoire de l’accouchement

Il est d’usage dans les maternités françaises d’accoucher sur le dos, jambes calées dans les étriers. Mais connaissez-vous l’origine de cette habitude ?

La généralisation de cette position trouverait ses sources à l’époque de Louis XIV. Ce dernier aurait imposé à une de ses maîtresses d’accoucher sur le dos, de sorte qu’il puisse voir naître l’enfant. François Moriceau, le médecin obstétricien ayant assisté cette naissance, aurait apprécié le confort procuré pour le suivi du déroulement de l’accouchement, et aurait par la suite rédigé un ouvrage autour de l’obstétrique (Traité des maladies des femmes grosses et de celles qui sont accouchées), préconisant notamment l’emploi de cette position.

Si effectivement le travail de la sage-femme ou du médecin est grandement facilité par cette position, il est désormais bien admis qu’elle pose problème dans le bon déroulement de la naissance.

Celle-ci empêche la mobilité de la femme durant le travail qui rend la progression du bébé dans le bassin plus laborieuse et plus longue. De plus, l’ensemble bassin/coccyx est figé alors qu’il doit s’ouvrir pour laisser passer l’enfant. Et cela entraine une augmentation du risque de déchirure et d’épisiotomie.

Il est à noter que dans ses préconisations concernant l’accouchement normal, l’OMS recommande la liberté de mouvement pendant le travail et l’expulsion, et d’éviter le décubitus dorsal !

Sur tous les continents. Les sages-femmes, matrones ou sorcières, selon le vocable d’époque et de territoire, s’adaptaient aussi bien à la femme qu’au mode de vie.  Ainsi, en Amérique du Sud, il était de coutume d’accoucher accroupie en s’aidant de lianes pour que la parturiente se tracte dessus.  En Amérique centrale, on accouchait plutôt assise sur des chaises trouées. Dans d’autres localités, il était de mise d’accoucher à quatre pattes ou presque debout. Et plus généralement on pouvait parfaitement changer de position pendant les différentes phases de l’accouchement.

Heureusement, la parole se libère et le corps des femmes aussi. Ainsi, l’accouchement « physiologique » est en train de redevenir un objectif pour beaucoup de femmes et de soignants. Forcément, un accouchement qui respecte la physiologie sera moins traumatique, laissera moins de trace et pourra même aller plus vite. Ce qui est un atout majeur aussi bien pour la femme qui accouche, que pour le bébé qui se fraie un passage vers sa nouvelle vie.

Sur Montpellier les clinique Saint-Roch et Clémentville possèdent chacune une salle de naissance « nature », faites savoir si vous souhaitez accoucher dans cette salle lorsque que vous préparez votre projet de naissance.

La grossesse, une course contre la gravité.

Au contraire des autres mammifères, les humains sont bipèdes. Et c’est là le principal problème de la grossesse.  Chez les mammifères à quatre pattes, le périnée ne reçoit aucune pression. Il est vertical entre l’anus et les voies génitales ; Le périnée n’a donc qu’à s’ouvrir au moment opportun sous l’effet des mouvements du petit, de la contraction réflexe de l’utérus et grâce au travail hormonal. C’est uniquement pendant le travail que le périnée commence sa dilatation, à son rythme.  Et par la suite, il se remet doucement. Pendant plusieurs semaines. N’étant toujours pas soumis à la gravité grâce à sa position, il n’y a donc jamais de problème de gravité (descente d’organes, pesanteurs, douleurs, incontinence) chez les animaux.

Mais…. Pas chez nous ! Les humains sont bien campés sur leurs deux pieds, leur périnée est dans l’autre sens. Il est horizontal. Et il reçoit tous les efforts de poussée. Il est tassé en fin de journée quand nous nous sommes vautrés dans notre chaise de bureau toute la journée. Il subit des tensions gigantesques lors des efforts de poussées pendant la défécation mais aussi pendant des séances sportives (les fameux « crunchs »). Enfin pendant la grossesse, bébé finit par mettre son poids dessus.

Cependant, pour que la grossesse se fasse correctement, il faut absolument que le périnée reste fermé jusqu’au terme, étanche, pour éviter un accouchement prématuré.

Aussi, nous faut-il veiller sur lui tout au long de la grossesse.

Prépare-t-on ce qui est physiologique ?

La réponse est bien évidemment non. Ce qui doit se passer, se passera. Alors bien sûr, on peut aider la physiologie à le rester, par exemple, en bougeant, en marchant, en changeant de position, en s’aidant de bonnes respirations.

Préparez votre périnée

L’épisiotomie est beaucoup trop pratiquée en France à cause du manque de personnel hospitalier, des plannings trop serrés, des soignants pas assez formés à la physiologie, et pour de plus en plus de futures mamans qui ne veulent rien savoir par peur de trop visualiser. Gardez tout de même en tête qu’il vaut mieux une petite épisiotomie bien nette, qu’une vilaine déchirure.

Alors comment éviter cette épisiotomie ? Certains vous recommanderont l’utilisation d’un ballonnet « épi-no » mais celui-ci n’a pas encore démontré son utilité.

Ce que je peux vous recommander au contraire ce sont les massages du périnée avec une huile neutre (pépin de raisin ou amande douce) ou l’huile de massage du périnée de weleda. Ces massages sont à pratiquer uniquement pendant le dernier mois de la grossesse, le périnée ne devant pas être détendu trop tôt. Pensez à demander conseil à votre sage-femme pour connaitre la gestuelle de ces massages.

Consulter un ostéopathe 2 à 3 semaines avant le terme est un bon moyen de vérifier la mobilité de chaque structure du bassin et de faciliter ainsi le travail.

La chorégraphie du bassin.

La crainte de la déchirure est normale mais Dame Nature a tout prévu. Tout au long de la grossesse, des hormones de laxité sont sécrétées (la relaxine en particulier), les ligaments se détendent. Puis, des hormones préparent les muscles au grand écart, votre cerveau est dopé de toutes parts pour effectuer un marathon incroyable sans fausse note et sans dérapage. Il faut juste se laisser guider. Et pour cela, il faut connaitre le mode d’emploi.

Les phases du travail et de la délivrance

Quand bébé n’a plus de place, il commence à s’agacer. Il tape dans le muscle utérin. Ce muscle commence à lui répondre aussi en se contractant. Chaque fois que bébé bouge, par réflexe, l’utérus se contracte. Si les contractions se rapprochent de plus en plus, alors c’est le signal d’alarme pour le cerveau. Les glandes se mettent en branle-bas de combat et lancent des cargaisons d’hormones, dont de l’ocytocine.

Cette attaque hormonale délivrera le message au périnée qu’il est temps de se relâcher et de s’ouvrir pour laisser passer ce qu’il protégeait depuis tant de mois. Une fois que le périnée commence à se détendre légèrement, bébé descend d’un étage. Il va s’engager dans votre bassin. Pour cela, les ailes iliaques sur le côté vont s’ouvrir vers le haut, le haut du sacrum va reculer, le coccyx va revenir vers l’avant. 

Votre bassin se conduit comme une fleur dont les pétales s’ouvriraient. Bébé descend dans une enceinte fermée en bas.  Il y restera peu de temps. Juste le temps que votre périnée finisse son stretching sous l’action des hormones et de la tête de bébé qui commence à mettre de la pression dessus.

A ce moment-là, le bassin change de sens pour le pousser vers la sortie. Les ailes iliaques vont se refermer en haut, le haut du sacrum rentre en dedans, le coccyx se pousse loin en arrière, les ischions s’écartent au maximum. La fleur éclot dans l’autre sens.  Bébé a toute la place pour passer ce détroit inférieur. Et c’est le moment de la délivrance.

Si vous pensez ne pas pouvoir gérer la douleur, pas de panique, les nouvelles péridurales permettent de sentir ce qui se passe, sans douleur, ou avec moins de douleurs. Et surtout, elles permettent de bouger.

Alors, bougez !

Lors du début du travail, pendant les contractions de l’utérus il est important de respirer, dans n’importe quelle position. Assisse, debout, sur le côté, à 4 pattes. Soufflez. Sans saccade. Essayez d’avoir le même temps d’inspiration et d’expiration. Quand bébé commence à descendre, bougez votre bassin. Montez des escaliers. Bougez le bassin sur un ballon. Faites du Hoola-Hoop. Dansez la salsa. Faites un cours de Zumba. Frayez-lui le chemin le plus large pour qu’il descende.

Une fois descendu dans le dernier détroit, il est temps de faire le plus de place possible pour qu’il passe entre vos ischions. Prenez alors la position qui ressemblerait la plus à une position que vous pourriez prendre si vous deviez aller à la selle. Pas poétique mais c’est ce qui ouvre plus le détroit inférieur du périnée.  Mettez-vous à 4 pattes. Ou sur le côté avec une jambe très relevée. Ou ramenez presque les genoux à la poitrine. Faites-vous aider. Par la sage-femme. Par votre conjoint.e. Sentez-le. Sentez où votre instinct vous dit de pousser.

C’est ça, la physiologie !

En résumé,

Si vous souhaitez vivre un accouchement physiologique :

Renseignez-vous sur les maternités qui possèdent une salle « nature ».

Prenez le temps d’élaborer un projet de naissance avec votre conjoint.e, sage-femme et gynécologue.

Révisez avec votre sage-femme les positions sur le ballon, les respirations et les techniques de sophrologies qui vous permettrons de supporter les douleurs jusqu’à la naissance de votre petit trésor.

Consultez un ostéopathe 2 à 3 semaines avant le terme pour travailler sur le bassin et le périnée et faciliter le travail.

Discutez en amont avec l’équipe qui vous accouche pour ne pas avoir une « épisio surprise »…

Sources et références

https://www.reflexosteo.com/blog-sante-bien-etre/accouchement-physiologique-bonnes-pratiques-438

http://symbioza.fr/blog/2015/03/le-saviez-vous-de-lorigine-de-la-position-gynecologique-pendant-laccouchement/#:~:text=Mais%20connaissez%2Dvous%20l’origine,puisse%20voir%20na%C3%AEtre%20l’enfant.

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5 Responses

  1. Bonjour,
    Trés bon article bien documenté.
    Merci de rappeler l’importance du périnée qui, longtemps délaissé par les livres d’anatomie de par sa situation, est pourtant essentiel dans la posture, le maintien du corps et les différentes étapes de l’accouchement.

  2. J’ai accouché 4 fois. La première en CHU alors que j’avais prévu d’accoucher à domicile(préma). On m’a « accordé » la position accroupie: épisiotomie pour aller plus vite. La 2e, clinique « nature », j’étais pliée en 2 en avant à l’arrivée: dépliée de force pour mettre en position semi-gynécologique: déchirure.
    J’ai accouché 2 fois à la maison, sans autre aide que mon mari,(les sages-femmes refusaient car trop dangereux à cause des antécédents) en me laissant aller: j’ai toujours fini à genoux, aucunes séquelles.

  3. Et je précise que mes 10 séances d’ostéopathie la 2e fois n’ont pu éviter la déchirure. Mais m’ont permis de me remettre vite, d’éviter les problèmes dorsaux à mon bébé. Et la première fois, mon bébé et moi ne pouvions pas déplier notre colonne après l’accouchement, mais après l’osté si…

  4. Madame,
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